Grâce à vous, j’ai pu goûter aux restes des terres embrumées.

Grâce à vous, j'ai pu imaginer des élans de liberté.

Dans mon creux,

Resteront vos précieux,

Noués de tout ce qui s'est joué sur les parquets ;

De toutes vos hésitations à partir ou à rester.

J'ai pu observer,

Le vent essayant de m'aider à échapper,

À un seuil abandonné comme l'éternité tombée sur les toits.

À un seuil aussi étroit que les failles des Hommes et leurs Rois.

J'ai rêvé,

D'un haut lieu où le silence s'est imposé comme maître à bord d'un navire qui ne peut chavirer.

J'ai rêvé,

De flots d'où jaillit un cheval ailé,

Et moi, pieds nus sur les bords blanchis des sommets.

Et même si je vis au rythme des souvenirs de vos pas légers,

Je sais que j'irai,

Coucher sur les flancs des chevaux,

Pour vous permettre à nouveau,

De goûter aux terres embrumées,

Et à moi,

De vivre mes élans de liberté.

Seuil.

Karine N’guyen Van Tham

" Seuil " - 2025

Boîte à chaussures de nomade.

" Mutation " - 2025

Banc, chaussures/pieds d'animaux, tapis

Grâce à vous, j’ai pu goûter aux restes des terres embrumées.

Peux-tu imaginer ce qu'était,

La couleur de ma peau héritée de mes aînés ?

Peux-tu imaginer,

Les désirs vers lesquels j'ai sans cesse marché ?

Je vois les ombres des souvenirs qui peinent à me raconter,

Celui que j'étais à oeuvrer me façonner.

J'ai changé,

J'ai déjà oublié,

Les restes de vos voix sur les sentiers,

L'attente sur les seuils délavés.

Je sens la terre frapper à mes pieds,

Pour ne suivre que mon instinct et le voir s'infiltrer,

Dans des membres prêts à affronter les dénivelés.

J'irai,

M'enivrer à l'oisiveté.

J'irai,

Avant la rosée déposée,

Me délecter des bourgeons colorés.

Mutation

Karine N’guyen Van Tham

J’ai laissé mes veines endormies aux pieds du lit,

Et goûté au pieu de la nuit.

Je l'ai vu, se plier sous son poids,

Emporter avec elle des troncs de nuages bas.

Je me suis réveillé,

D'un sommeil trop léger,

Réveillé,

Par des dénis venus frapper au grenier.

Sur mon buste, des paysages de feu et de sang,

Et la masse dans ma poitrine, loin de toute doctrine.

Maintenant, je me souviens,

Avoir écumé les vertes vallées,

Déversé l'obscurité sur les blés.

Fait tailler des croix sur les sommets des troncs,

Pour vous surplomber à ma façon.

Et comme pour me montrer un chemin,

J'ai vu aux sommets des falaises le Divin,

Comme le doigt d'un dieu qui plus jamais ne s'éteint.

Et ma rétine qui maintient,

Et cette lumière qui m'étreint.

Alors j'irai,

Creuser la montagne,

Avant qu'elle ne se fane.

Et sous la voûte des dieux,

Demander à mes aïeux.

Pourquoi j'ai dévié,

Pourquoi mes artères se sont vidées.

J'irai bercer mes morts et mes naissances,

Dans ces vies souvent dénuées de sens.

Si ce n'est celui que je peine à leur donner,

Par des luttes acharnées.

l me faudra, déloger les cœurs enfouis sous les pierres,

Il me faudra à nouveau, faire de vous mes frères.

J'irai sceller ce qui a précédé mes armées,

Et laisserai mes contemporains me juger,

Si tant est qu'un dieu ne s'en soit pas encore chargé.

J'irai tantôt pèleriner,

Tantôt prier voûté,

Pour enfin,

Mourir allongé,

Comme l'ombre des croix près des falaises acérées,

Là où les roches se confondent aux restes des vertes vallées.

Le temps des regrets.

Karine N'guyen Van Tham

" Le temps des regrets " - 2025

Reste d'amure sur bois

" Le temps des regrets " - 2025

Dessin sur papier enduit, bois

" Le temps des regrets " - Poème illustré - dessins et poèmes sur papier enduits. Extrait - 2025

the hermit's hollow in its natural place
the hermit's hollow in its natural place

"J'ai été cet entre-deux,

Comme le voile sur les lacs qui ne sait choisir entre l’antre et les cieux.

Je l’ai sentie,

S’oublier sous son poids,

Se laisser aller à moi.

J’ai dû me fondre dans le décor,

Lâcher et faire corps.

Et lorsqu’au cœur de la nuit je fus enfin englouti,

Je l’ai suivie.

Pour plonger dans le grand bain,

Ou sortir des rangs dans les souterrains.

Je me souviens des silences que jamais le bruit ne contraint,

Et de ses monologues incertains.

Je n’avais aucun échange à lui apporter,

Toutes ces fois, où je l’ai patiemment écoutée.

Dans ce creux où la solitude se loge,

Pour faire émerger les vides que l’âme cajole.

Il n’était pas question de passer une vie ici,

Simplement des temps, plus ou moins définis.

Pour que le quotidien puisse en être teinté,

Pour que l’âme s’en trouve chaque jour un peu plus touchée."

Le creux de l’ermite.

Karine N’guyen Van Tham

a piece of art work on a wall
a piece of art work on a wall

" Le creux de l'ermite " - 2023

Matelas sculpté

"Je me souviens de cet homme de tous les chemins,

Qui porte le silence comme l’icône d’un Saint.

Il est de ceux qui ne font que passer,

Et s’effacent à l’aube d’un pas léger.

Éclairé par les ombres hachées des villages perchés.

Guidé par les basiliques,

Et les voix des hommes qui y résonnent.

J’ai chevauché son dos escarpé.

D’ici,

Je ne pouvais qu’observer,

Le passé et nos traces que le vent caresse et efface.

J’entends encore les bâtons qui martèlent les talus gelés,

Et nous somment d’avancer.

Je me suis forgé aux rythmes de nos arrêts,

Aux pieds des arbres et des rochers,

Sur les volumes des versants opposés à la clarté.

Pour devenir l’empreinte de ce que la terre façonne,

Et m’y abandonner, comme la pluie à nous enlacer.

J’ai pu côtoyer les saisons et les voir se dresser,

Dans cette quête où la fin sait se faire oublier."

Le toit du pèlerin.

Karine N'guyen Van Tham

" Le toit du pèlerin " - 2023

Couverture Sculptée

Crédit photo Ugo Carmeni

armure au sol et broderies d'écailles de pomme de pin
armure au sol et broderies d'écailles de pomme de pin

" Larmes de guerre " - 2021/2022 - Armure au sol

[...]

J’entends encore le silence se briser sous tes pas,

J’entends encore ta voix percer la brume et le froid.

Tes sanglots résonnaient comme le jugement dernier,

Comme cette dernière bataille venue nous séparer.

Je revois l’hiver qui se creuse entre tes mains,

Et les gelées qui caressent la chaleur de nos matins.

[...]

Tant de sang versé pour des terres,

Et nul pour écouter leur dernière prière.

Mais tout à une fin tu sais,

Je n’ai eu que ce que je méritais.

Tout s’est terminé comme ça a commencé,

Par une gorge tranchée.

Extrait - Larmes de guerre

Karine N’guyen Van Tham

Série Humus - Casque #4 - 2025

Casque textile, boite en bois, dessins, papier marouflé

Série "Humus" - Casques textile #3 et #2

"Bravoure" et "L'homme et le désert"

Exposition "Per non perdere il filo" Fondazione dell albero d'oro, Palazzo Vendramin Grimani

Crédit photo Andrea Avezzù

Sans titre - Dessin crayons de couleur et mine graphite

20cm x 20cm

"À corps ouvert" Triptype réalisé en résidences avec La fondazione dell Albero d'oro - Biennale de Venise 2024

250cm x 320cm x 30cm

Crédits photos Andrea Avezzu - Ugo Carmeni

Film réalisé par Maco film