Œuvres Textiles
"Ici, on raconte que le vent règne en maître,
Qu'il peut sculpter tout ce qui se joue au dessus de vos têtes.
On raconte que c'est lui,
Qui dissipe le jour et insuffle la nuit,
Dans un cycle infini.
On nous dit qu'il détient chacun de nos lendemains,
Dans cet océan dépourvu de fin.
Je me suis longtemps caché derrière des horizons embrumés,
Et aux travers d'interstices divines, j'ai tant rêvé à vous côtoyer.
Je ne peux porter l'emprise du vent comme manteau de misère,
Je ne peux me satisfaire à demeurer étranger à mes pairs.
J'irai plus bas que les messagers qui effleurent les cimes.
J'irai plonger, prendre racine.
Et on me racontera comme une histoire anodine,
Je me détacherai,
Me ferai Confident de vos marches égrainées.
Et lorsque le vent aura tourné,
Je lui sommerai de ne point s'inquiéter.
Car là où j'irai,
Je m'en trouverai bien accompagné."
Les cieux esseulés.
Karine N’guyen Van Tham
" Les cieux esseulés " - 2023
Matelas de voyage sculpté
"J'ai été cet entre-deux,
Comme le voile sur les lacs qui ne sait choisir entre l’antre et les cieux.
Je l’ai sentie,
S’oublier sous son poids,
Se laisser aller à moi.
J’ai dû me fondre dans le décor,
Lâcher et faire corps.
Et lorsqu’au cœur de la nuit je fus enfin englouti,
Je l’ai suivie.
Pour plonger dans le grand bain,
Ou sortir des rangs dans les souterrains.
Je me souviens des silences que jamais le bruit ne contraint,
Et de ses monologues incertains.
Je n’avais aucun échange à lui apporter,
Toutes ces fois, où je l’ai patiemment écoutée.
Dans ce creux où la solitude se loge,
Pour faire émerger les vides que l’âme cajole.
Il n’était pas question de passer une vie ici,
Simplement des temps, plus ou moins définis.
Pour que le quotidien puisse en être teinté,
Pour que l’âme s’en trouve chaque jour un peu plus touchée."
Le creux de l’ermite.
Karine N’guyen Van Tham
" Le creux de l'ermite " - 2023
Matelas sculpté
"Je me souviens de cet homme de tous les chemins,
Qui porte le silence comme l’icône d’un Saint.
Il est de ceux qui ne font que passer,
Et s’effacent à l’aube d’un pas léger.
Éclairé par les ombres hachées des villages perchés.
Guidé par les basiliques,
Et les voix des hommes qui y résonnent.
J’ai chevauché son dos escarpé.
D’ici,
Je ne pouvais qu’observer,
Le passé et nos traces que le vent caresse et efface.
J’entends encore les bâtons qui martèlent les talus gelés,
Et nous somment d’avancer.
Je me suis forgé aux rythmes de nos arrêts,
Aux pieds des arbres et des rochers,
Sur les volumes des versants opposés à la clarté.
Pour devenir l’empreinte de ce que la terre façonne,
Et m’y abandonner, comme la pluie à nous enlacer.
J’ai pu côtoyer les saisons et les voir se dresser,
Dans cette quête où la fin sait se faire oublier."
Le toit du pèlerin.
Karine N'guyen Van Tham
" Le toit du pèlerin " - 2023
Couverture Sculptée
Photographie Ugo Carmeni - Tous droits réservés
[...]
"Alors j’irai seul,
Le silence comme compagnon de fortune,
Et mes nuits à écouter l’ombre de la lune.
J’irai seul,
Avec tout ce qui me reste de toi,
Et ce chagrin comme émoi.
Ta mort a fait de moi un homme solitaire,
Et j’ai continué à saluer notre terre.
J’ai appris à écouter d’autres chants,
Ceux des saisons, des pluies et des torrents.
Parce que mon frère, c’est aussi dans la mort que l’on apprend,
Que l’on apprend à aimer le chant de l’instant.
J’irai seul,
J’attendrai mon dernier linceul.
Et j’aurai, mon frère,
Une dernière pensée,
Avant de te retrouver.
Parce que mon frère,
Anda, lui, ne meurt jamais."
Extrait - A mon frère.
Karine N'guyen Van Tham
" A mon frère " - 2022
Relique textile
"J'ai vu toutes ces têtes coupées,
Sur des pieux, comme des trophées.
J’ai côtoyé des hommes déterminés,
Le sang-froid, prêts au combat.
J’ai senti cette atmosphère,
Aussi puissante que les enfers.
J’ai pu voir leurs armures de guerre,
Aussi noires que les entrailles de la terre.
J’ai deviné l’odeur des chairs,
Des haut-le-cœur sous ce ciel clair.
Voilà la méthode pour vous décourager,
Voilà la méthode pour qui ose s’aventurer.
La nuit sait garder les secrets,
Et délivrer juste assez pour ne pas pleurer.
A ceux qui veulent voir ces tourments,
Croyez-moi, vous n’en sortirez pas vivant."
L’Art de la guerre
Karine N’guyen Van Tham
" L'Art de la guerre " - 2020
" La traversée " - 2022
Chaussures et cailloux incrustés
[...]
"Regarde-nous marcher dans l’ombre des vallées,
Celles-là mêmes qui nous poussent à frôler l’inconnu et ses alliés.
Regarde,
Regarde les pierres qui jonchent notre chemin,
Celles-là mêmes sur lesquelles nous nous hisserons pour voir plus loin.
Et dans cet équilibre incertain,
Tenons-nous la main."
Extrait - La traversée
Karine N’guyen Van Tham
" L'homme et le désert " - 2022 - Casque de guerrier bleu indigo
" Bravoure " - 2023 - Casque de guerrier marron
" Larmes de guerre " - 2021/2022 -
Armure au sol
[...]
J’entends encore le silence se briser sous tes pas,
J’entends encore ta voix percer la brume et le froid.
Tes sanglots résonnaient comme le jugement dernier,
Comme cette dernière bataille venue nous séparer.
Je revois l’hiver qui se creuse entre tes mains,
Et les gelées qui caressent la chaleur de nos matins.
[...]
Tant de sang versé pour des terres,
Et nul pour écouter leur dernière prière.
Mais tout à une fin tu sais,
Je n’ai eu que ce que je méritais.
Tout s’est terminé comme ça a commencé,
Par une gorge tranchée.
Extrait - Larmes de guerre
Karine N’guyen Van Tham
Série " Le clan " - 2020 - Plastrons sur socles
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